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Un art sans prix

Nous savons tous que le verre est une matière cassable. Mais nous ne savons pas toujours à quel point ce verre était précieux dans le passé. Jusqu’au 16e siècle en effet, un tableau ou une tapisserie murale coûtait moins cher à réaliser qu’un vitrail. Un vitrail était un produit de luxe absolu, non seulement en raison de la rareté du verre à l’époque, mais aussi pour le gigantesque travail que demandait sa transformation en un vitrail.

Le verre est aujourd’hui produit à base de soude, mais notre maître-vitrier du 13e siècle travaillait avec du verre riche en potassium qui venait de Normandie, longtemps le premier centre de production du verre. Au 16e siècle par exemple, le roi Philippe II d’Espagne fait ainsi venir du verre de Normandie parce que c’est tout simplement le meilleur matériau pour le vitrage de son palais madrilène.

© Ans Brys

Cette qualité a un prix. Les coûts de production à eux seuls sont très élevés car jusqu’au 17e siècle, les fours à verre sont chauffés au bois et non au charbon. La coloration du verre est également très coûteuse.

Le verre coloré à base d’oxyde de fer ou de cuivre a un prix raisonnable car on trouve ces matériaux à peu près partout, mais si le souffleur de verre préfère le cobalt, la facture est grevée de sérieux coûts de transport.

© Ans Brys

L’Annonciation n’est donc pas seulement précieuse pour ses qualités artistiques mais aussi pour le matériau dans lequel elle est réalisée. Il n’est donc pas rare de trouver dans un vitrail de morceaux de verre recyclé. Les verriers ont l’habitude de conserver les brisures de verre, colorées ou peintes, qui peuvent se révéler utiles pour réparer des vitraux. L’Annonciation est donc en soi un concentré d’histoire du verre à travers les siècles.